Une scénariste anglaise, Bridget Lawless, a fondé le prix Staunch Book Prize, doté d’une valeur de 2 000 £, pour récompenser un thriller dans lequel aucune femme n’est battue, traquée, exploitée sexuellement, violée ou assassinée.
La libération de la parole autour des violences sexuelles et du harcèlement depuis l’affaire Weinstein ne cesse de nous faire s’interroger sur le rôle de l’art et de la littérature en général. Objets de représentations, que nous disent-ils de nous et quels sont leur pouvoir ?
Bridget Lawless, elle, a tranché : « tellement fatiguée des représentations interminables de la violence faite aux femmes », elle finance elle-même, pour le moment, un nouveau prix, le Staunch Book Prize, afin de récompenser les thrillers dans lesquels aucune violence n’est faite aux femmes.
Elle a lancé en parallèle une campagne de financement participatif pour les coûts de fonctionnement. Elle juge du prix avec l’humoriste et auteure anglaise Doon Mackichan.
La scénariste a confié à The Bookseller s'être lancée dans cette entreprise en partie à cause de l’affaire Weinstein et du mouvement #metoo. Mais c'est aussi parce qu’elle se dit consternée par les abus et la violence infligés aux personnages féminins dans les thrillers : « formulés et décrits avec tant de désinvolture et tellement banalisés qu’ils font des femmes des victimes "naturelles" de violence fictive, d’agression sexuelle et de meurtre. »
Selon elle, cette attitude vis-à-vis des femmes les affecte « à la fois directement et indirectement, et reflète une attitude dominante à l’égard des femmes – aussi impuissantes, victimes et proies. » De fait, à la lumière des suites de l’affaire Weinstein, « il est finalement clair que cette attitude s’étend à la vie réelle pour beaucoup d’hommes et de comment ils voient et traitent les femmes » explique-t-elle.
Pourquoi un prix ? Parce que « la fiction peut faire un travail fantastique pour montrer ce qui peut arriver quand les femmes se lèvent et dénoncent l’injustice et refusent d’être victimisées. » Indique-t-elle, « je veux trouver les écrivains qui ont fait quelque chose de différent. »
Et pourquoi les thrillers ? A cause de l'importance du genre et parce qu'ils fournissent souvent matière à des adaptations, répond la scénariste anglaise.
Bridget Lawless entend montrer qu’une « grande matière est disponible non seulement aux lecteurs, mais aussi aux producteurs et aux réalisateurs pour l’écran, et, très important, pour les acteurs féminins et masculins qui pourraient avoir un plus grand choix de rôles dans lesquels ils ne sont ni des victimes ni des prédateurs sexuels ».
Ainsi, on pense à La fille du train, film américain réalisé par Tate Taylor en 2016 et adapté du roman éponyme de Paula Hawkins... Mais ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres.
Le Staunch Book Prize est donc ouvert aux auteurs féminins et masculins, de toute nationalité, âgés de plus de 18 ans, ainsi qu'aux ouvrages imprimés ou numériques, traditionnels ou autoédités… Les inscriptions ouvriront le 22 février pour se terminer le 15 juillet à minuit. Les romans présélectionnés seront annoncés en septembre et le prix sera dévoilé le 25 novembre lors de la Journée internationale contre les violences faites aux femmes.
Via The Bookseller
2 Commentaires
Véronique Gault
29/01/2018 à 14:28
Bonjour,
Malheureusement, même si le prix est ouvert à tout auteur, quelle que soit la nationalité, le roman doit être en anglais...
Et en revanche, le fait que ce prix soit ouvert aux auteurs déjà publiés n'est pas très clair, lorsqu'on lit la page du prix.
Pierre Hernandez
06/02/2018 à 12:15
J'ai hâte de lire un "polar" sans baston, traque, viole, assassinat ou touche pipi ...